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LES ADVIS.

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LES ADVIS.
T’a iamais peu reduire à tel poinct de mifere ?
Partant des bords Troyens nous ouyfmes vn bruit,
Que dans ces grands combats de la derniere nuict ;
Tu fondis las & mort

  • ".

D’vn monceau d’erle vafte carnage S
fauchez par ton courage.
I’efleuay furla rade vn vide monument,
Et tes Mânes trois fois l’appellay hautement,
Tes armes & ton nom le lieu conferue encore :
Et iure ce tombeau que fainctement i’honnore,
Que ie ne pus te voir quittant ce bord fatal,
Ny dépofer ta cendre en fon terroir natal.
O fleur des Demi-dieux & des amis celebres,
Mu m’as, refpond l’Efprit, comblé d’honneurs funebres :
Deiphobe a receu de ta tendre pitié,
Tous les facrez deuoirs requis à l’amitié.
Mais las ! par mon malheur, l’impieté mortelle
De cette Spartiate impudique & trop belle ;
Cét excés inhumain a perpetré fur moy,
Voicy les monumens qn’elle laiffe de foy.
Cartu fçais en quels ieux, quelle fauce allegreffe,
Nous paffafmes lefoir qui couronna la Grece.
Eh qui peut oublier, ô fouuenir trop dur !
Ce funefte cheual qui fauta noftre mur :.
Et qui plus hault que Troye au doux fommeil charmée,
Defon ventre engroffe refpandit vne’Armée ?
La malheureufe alors les Orgies feignant ;
Vn brandon en la main s’en alloit trepignant,
Dans le milieu d’vn bal où les Dames de Troye
Celebroient à hauts cris vne derniere ioye :
Appellant de nos Tours par ce traiftre fignal,
La leuneffe d’Argos au carnage fatal..
Aggrauédés long-temps de foucis & de peines,
Vn doux fommeil profond fe gliffoit en mes veines,
M’attachant pieds & mains au miferable lic,
Qu’vn vain éclat de pompe en nos Cours embellir :
A l’enuers eftendu fourdement immobile,
A