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LES ADVIS.

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LES
ADVIS.
Puis l’Autel de Pluton de taureaux il eftrenne ;
Les inteftins entiers fur la flamme impofant,
Et ces boyaux ardans d’huille graffe arroufant.
Ia l’extreme Orifon qu’vn fombre efclat redore,
Du Cahos de la Nuit void renaiftre l’Aurore,
La Terre foubs les pieds mugit d’vn fon affreux,
On void trembler par tout le chef des bois ombreux,
Les chiens femblent heurler dans l’ombre folitaire,
Et la Deeffe arriueinuoquée au myftere :
Quand la Vierge des Dieux s’efcrie à haute voix :
Loin, loin, prophanes loin, n’approchez le Sain& Bois.
Mais toy, Fils de Deeffe, enfifle ce paffage,
Pren ton efpée au poin, arme toy de courage :
Il te faut maintenant animer ta vigueur
D’vne ferme conftance & renforcer ton cœur.
Ces propos acheuez par l’antique Prophete,
Au gouffre large-ouuert, terrible elle fe iette :
Elle marche en fureur oùfon Dieu la conduit :
Le Troyen franc de crainte à pas égaux la fuit.
PO
O Dieux qui prefidez fur l’Empire des Ombres,
Et vous, Efprits muets, hoftes des Palais fombres,
Vous Phlegeton bouillant, vous tenebreux Cahos,
Qu’vn filence éternel tient largement enclos ;
Sii’appris autrefois vos hautes aduentures,
Guidez moy pour le dire à nos Races futures :
Que ces profonds fecrets foubs la Terre voilez,
Du centre de la nuit au iour foient reuelez.
A trauers maint Phantofme & l’horreur du filence
De l’ombre enueloppez l’vn & l’autre s’aduance
Au Regne de Pluton triftement vague & vain,
Dont le doubteux afpect fufpend l’œil incertain.
Tout ainfi que par fois quand le front de la Lune
Refpand auarement vne lumiere brune,
Vn air trouble offufquant la poincte de fes rais,
Parl’obftacle importun des nuages efpais ;
Levoyageur furpris dans les Forefts tracaffe,
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