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LIVRE SECOND.

LIVRE SECOND.
Larame & latrompette ayguillon des alarmes :
Ce mont eft efleué prés la voûte des Cieux
Qui reiettant fon tiltre approuué des ayeux :
Pour tirer d’vn beau nom quelque gloire certaine."
Aux Siecles infinis s’appellera Mifene.
Si toft qu’il eut remply l’honneur du monument,
Aux confeils de la Vierge il veille promprement.
Vne grande Cauerne au fond rude & pierreufe,
D’vn large baillement ouure fa gueulle affreuſe.
Le fein d’vn Lac profond la rempare à l’entour,
Circuy d’vne foreft inacceffible au iour.
Le tenebreux gofier de l’effroyable gouffre,
Soufflant aux Cieux courbez l’eſprit fumeux du fouffres
Trauerfe fur ce Lac le traiect des oy feaux,
Engloutis des vapeurs & bronchans dans les eaux.
Dont les Grecs obferuans l’air de cefte Cauerne,
Pour marquer fes effects la nommerent Auerne.
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Lors le Prince commence à payer fes deuoirs,
Et prefente en ce lieu quatre grands bouueaux noirs,
Au milieu de leur front la deuote Sibylle,
Vn vaze de vin pur à longs filets diftille :
Puis fur les feux facrez du poil elle eſpandit
Cueilly dans le croiffant que leur corne arondit.
Comme elle a de ces dons l’offrande commencée,
Pour appeller Hecate elle a fa voix hauffée,
Deeffe que le Stix loge entre fes grands Dieux,
Et qu’on reuere encore en la trouppe des Cieux.
L’vn fourre le coufteau foubs la gorge des beftes,
Les autres à deux mains tiennent les coupes preftes,
Pour receuoir le fang à gros bouillons fumant.
Luy mefme fans delay tein&t fon glaiue efcumant,
Au fang d’vne brebis de noirs flocons veluë,
Car cette obfcure offrande eft pour laNuit efleuë,
Nuit mere des Fureurs qui regnent chez Pluton :
Et la Terre fa fœur aggrée vn mefme don.
D’yne vache fterille il honore leur Reyne,
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