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LIVRE SECOND.

LIVRE SECOND.
Puis fe viennent pofer fur le plus mol herbage.
Voyant donc les oyfeaux que fa mere cherit,
Ses vœux, d’vn cœur alleigre, en ces mots reprit.
S’il y a quelque voye, ô cheres collombelles,
Conduifez-moy, dit-il, fendant l’air de vos aifles :
Guidez-moy dans le bois où ce diuin trefor,
Ombrage vn gras terroir foubs fes fueillages d’or :
Et toy Mere Deeffe, affifte & fauorife
Les trauaux de ton fils en fi digne entrepriſe.
Ses léures & fa voix à ces mots refermant,
Illeplante fur pieds, obferuant fixement.
Quel chemin defigné les oyfeaux pourroient prendre,.
Ou quel figne ils feroient paiffans fur l’herbe tendre.
Lors il vont enfifler leur route vers les Cieux,
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Telle qu’on la peut fuyure à la poincte des yeux !
Mais comme ils approchoient les riues de ce gouffre,
D’où le Lac des Enfers vomit l’odeur dufouffre,
D’vn vol haut & fublime ils s’efleuent foudain,
puis ils fondent de pointe à trauers l’air ferein :’Et fe viennent r’affoir fermans l’vne & l’autre aifle,
Sur l’arbre defiré de la branche gemelle,
Dont l’afpect variant d’vn efclat nompareil,
Treffault à flammes d’or aux rayons du Soleil.
Comme aux mois de l’hyuer affaillis de froidures »
Le chefne eft reparé des gayes cheuclures
D’yn ieune guy rampant, dont le rameau leger,.
Né de fon tige propre à l’arbre eft eftranger :
Defes feuilles pourtant la verdeur faffranée,
Tient la rondeur du tronc partout enuironnée..
Ainfile rameau blond à l’œil eftincelant,
Allie au chefne ombreux fon feuillageoppulent ::
Ainfila feuille d’or à la feuille fe iouë,
Criquetant aux foupirs du vent qui les fecouë..
A l’abbord du rameau le Prince auide & prompts
Iette la main deffus & dextrement le rompt :
Luy femblant trop. retif tant fon defir le pique,.