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LES ADVIS.

Souuent parmy les Dieux, fouuent parmy les Ombres.
Vn Thefée, vn Hercule alleigueray-ic icy ?
Delupiter Tonnantie tiens mon eftre auffy.
L’ardeur de fa priere en ces mots il explique,
Les Autels embraſſant, & la Vierge replique.
Troyen iſſu d’Anchife & du tige des Dieux,
Chaqu’vn facillement deualle en ces Bas-lieux.
La porte de Plutonebres couuerte : ;
Beante iour & nui&t à tout homme eſt ouuerte :
Mais renuerfer le pas pour tenter vn retour,
Et regaigner vers nous les regions du iour,
C’eſt le poinct, c’eſt le coup : peu de gens l’ont peu faire,.
Conduicts par Iupiter, d’vne main ſalutaire :
Gens par le fang des Dieux de ſplendeur reueftus,
Et transferez au Ciel par les hautes Vertus.
Vne efpaife foreft ce Palais enuironne
Que l’Erebe aux flots noirs ceind d’vne ample couronne.
Si pourtant ton eſprit cede à la paſſion,
Si tu te ſens vaincu de telle ambition,
De paſſer par deux fois le ſein du Stix auare,
Et deux fois trauerfer le Lac du noir Tartare ;
Pour ſatisfaire au vou dont tu t’oſes piquer,
A ces foins auant tout il te faut appliquer.
Vn grand arbre touffu ſon verd ramage efpanche,
Fier d’vn autre rameau ſerpentant fur fa branche :
D’or eſt ſon mol fion, fa feuille large eſt d’or,
A la Reyne de Stix on garde ce trefor,
Caché dans le profond des forefts recullées,
Et flanqué tout autour d’ombrageuſes valées.
Mais que nul des viuans ne fonde le deſſein,
Devoir ce que la Terre enferme dans ſon feins
Sil n’a premierement par vn deuôt myftere,
Cuilly la treſſe d’or du rameau ſalutaire :
La belle Proferpine entend que ſon Autel,
Soit honnoré la bas de ce don immortel.
Va fecond rameau naift quand le premier ſe cucille,