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LIVRE PREMIER.

L’homme puiſſant, & de mœurs inutiles,
Semble vn Coloffe attaché de chenilles
Ferré de gonds, de barres & de cloux :
Par le viſage il ſouffle de courroux,
Reprefentant Eupiter ou Neptune,
Sabrane enfleure eftonne la communes
D’or enrichie, & d’azur par dehors.
Mais quand on void le dedans du grand corps
N’eftre que plafre & qu’argile paiftrie
Alors chacun cognoit la mocquerie :
Et deformais le Coloffe pipeur,
Par ſon afpelt auVulgaire fait peur :
Sans eftonner l’esprit de l’homme ſage,
Qui d’un hochet mefprife cet ouvrage.

Plus, il appelle ce mefme homme puiſſant, & qui ſe fait cognoiftre friuole & grimacier parmy fa Grandeur :

Vn Marmouſet iouflus dont le chef apoſte
Semble porter le faix dan grand plancharwoutés
Et ne fait que la mine, affreux d’ouuerte Gueule :
La voite de ſon poids ſe porte toute ſeule.