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LIVRE PREMIER.

zequ’ils ayent à deſſein manqué de coucher ces couples ou rymes en leur Ocuures, s’ils y ont manqué.


DES GRIMACES MONDAINES.

Allegueray ma ſentence propre à ce beſoin, pour dire ; que i’admirois par occaſion en quelque lieu de mes chetifs Efcrits, comme ordinairement ceux de noftre Siecle qui font efleuez aux honneurs & aux faueurs, en font, non feulement enyurez au dedans-par foibleffe : mais encores par complot exprez, & parfuffifance affectée, s’enyurent & ſe difforment au dehors : fur tout ceux qui montent là haut à pas de Geant. I’admirois leur rebut de toutes amitiés anciennes & nouuelles, ſoit de merite ou d’obligation, files rentes.&c les grades ne les aſſiſtent : tenans à reproche qu’on creuft, qu’ils fçeuffent familiariſer vnamy dénué de telles choſes, bie qu’en leur.cœur ils le priſaſſent, & peuffent auoir beſoin defa familiarité. N’ay-ie pas eu raiſon auſſi de les auoir nommez au mefme lieu, valets de Faree, &ſerfs, non feulement de leur propre fadaiſe, mais auſſi de celle de cetuy-cy & de cetux-la, leurs égaux en fortune : qui les entraifnent par exemple à tel excez qu’ils veudent de ces friuoleries&defordres de mœurs grimacierés & compoſées à roolle preſcrit ? Pareils aux montres des Horloges, &vrays ſinges du ſabot, qui n’ont autre mouuement que celuy qu’on leur donne. Et tant plus mal-heureux font-ils, de ce qu’ayans acquis reputation & pouuoir, il leur feroit plus libre de choiſir & de practiquer la plus faine & plus legitime façon de viure, qu’à ceux qui pour eftre encores en quefte de tels aduantage, font forcez de ſe reigler au modelle du temps qui court, afin de les acquerit :