Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MOI

Moi, est-ce que je sais ? Quand on est heureux, on n’aime plus rien que son propre bonheur.

Là dessus, elle rêva longtemps, peut-être sans très bien comprendre, car il ne lui vint plus de paroles à la bouche, mais seulement des baisers. Comme elle joua avec mon corps ! Que de grâces je reçus de ses curiosités ! Notre amour eut beaucoup d’esprit et beaucoup d’imagination.

Avec les détails que je pus lui arracher, à nos moments lucides, sur la vie des immortels, je me fis de leur séjour l’idée d’un paradis terrestre dans le genre de celui dont nous parlent les légendes juives. Il est probable