Page:Gourmont - Une nuit au Luxembourg, 1906.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MOI

Ce ne sont pas nos femmes. Ces figures représentent l’idéal que nous nous faisons des déesses.

ÉLISE

Vraiment, celle-ci me ressemble.

MOI

Il y a des femmes aussi belles que cela parmi nous, mais on ne les connaît pas. Chacun de nous croit avoir tenu dans ses bras la plus belle du monde ; quand il réfléchit, il n’en est plus bien sûr, car, au fond de son désir, une image se forme sans cesse et sans cesse s’évanouit dont aucune créature ne peut égaler la beauté.