Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
90
UN CŒUR VIRGINAL

à rédiger, dans le goût du premier empire : « L’Amour conservateur de la beauté. »

— Un joli sujet aussi pour les prix de Rome, dit Lanfranc.

— Sérieusement, intervint M. des Boys, je crois que c’est la chasteté qui racornit si promptement les femmes honnêtes…

— Oh ! celles-là, dit Lanfranc, ce sont des reproductrices. Quand elles ont fait leurs enfants, et il faut que cela soit de vingt à trente, leur rôle est fini.

— Il leur reste, dit M. des Boys, à façonner les philtres qui entretiennent notre jeunesse.

On lui jeta des regards interrogatifs, cependant qu’il riait d’un rire luxurieux.

— Vous verrez, ou plutôt vous goûterez, et vous comprendrez. Je vous souhaite à tous une magicienne comme Mme des Boys.

— C’est vrai, dit M. Hervart, qui comprit enfin, elle a le génie de la cuisine. Les dîners qu’elle a surveillés sont des magistères.

— Tu t’en apercevras, quand tu seras de retour à Paris.