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UN CŒUR VIRGINAL

les tapis de feuilles. Son imagination revenait avec complaisance aux délices de la minute précédente, et il souhaita appuyer encore une fois sa main tremblante sur le sein gonflé de Rose, cependant qu’il boirait son haleine et sa salive.

« Car tel est l’amour que de nos muqueuses il coule une manne plus douce et plus nourrissante que le lait des mamelles maternelles ! »

M. Hervart retrouvait tout son aplomb. Il conclut :

« Bien curieuse aventure et qui augmente le trésor de ma science et celui de mes plaisirs. »

Rose, sentant la pression de ses doigts, osa enfin le regarder. Il souriait. Elle fut contente.

— Vous ne me quitterez pas ? dit-elle. Promettez-le-moi. Quand nous serons mariés, nous demeurerons où vous voudrez, mais, d’ici là, je vous veux près de moi, dans ma maison, dans mon jardin, dans mes bois, dans mes champs, sur nos routes. Comprenez-vous ?

— Enfant, je vous aime et je comprends que vous m’aimez aussi…