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UN CŒUR VIRGINAL

— Eh bien, monsieur Encoignard, il faudra faire ce qu’elle veut. Hervart, qu’en pensez-vous ?

— Je pense qu’il faut peigner la nature le moins possible. Je pense aussi qu’il faut aimer les plantes du pays où l’on vit. Elles seules s’harmonisent avec le ciel, avec les cultures, avec la couleur des rivières, des chemins et des toits.

— C’est juste, dit M. des Boys.

— Xavier, je vous aime, murmura Rose, en prenant le bras de M. Hervart.

On continua l’inspection du jardin et il fut décidé que la collaboration de maître Encoignard serait réduite aux soins ordinaires d’un jardinier sage et docile. On admit quelques plantes nouvelles, à condition que les anciennes seraient respectées.

M. Hervart, qui s’était levé de bonne heure, se promenait depuis longtemps déjà. Il avait passé une partie de la nuit à réfléchir. Les femmes qu’il avait aimées, ou connues, s’étaient présentées à lui dans leurs attitudes préférées et leurs gestes habituels. Celle-ci, un corps char-