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UN CŒUR VIRGINAL

— Des tilleuls ! Il vous faudra ici un segoya et, là, un araucaria. Que vois-je ? Un pommier. Cela n’est pas convenable. Nous ôterons cela, pour y mettre un magnolia grandiflora. Un jardin anglais, vous voulez un jardin anglais, n’est-ce pas ? ne doit contenir que des plantes exotiques. Des lilas, des rosiers ? Pourquoi pas des boules de neige ? Ah ! voici un houx panaché. Nous pouvons l’utiliser, peut-être.

— Je ne veux pas, dit Rose, qui s’était approchée, que l’on touche à mes arbres.

— Elle a raison, dit M. des Boys.

— Arracher des lilas, reprit Rose, arracher des rosiers !…

— Mais, Mademoiselle, je vous mettrai à la place des fleurs plus belles.

— Les plus belles fleurs sont celles que j’aime le plus.

Elle cueillit une rose rouge et la porta à ses lèvres, la baisant comme une chose sacrée et adorée.

M. des Boys regardait sa fille avec étonnement.