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UN CŒUR VIRGINAL

M. Hervart se demandait précisément ce qu’il fallait faire.

« Quelles sont les caresses possibles et dont elle ne se fâchera pas ? J’ai envie de reprendre ses lèvres… Ses yeux ? Son cou ? Quel est le poète italien qui a dit : « Baisez les bras, baisez le cou, baisez les seins de votre amie, ils ne vous rendront pas vos baisers. Les lèvres seules… » Mais il faut parler. Naturellement, il faut dire : « Je vous aime ! » Mais je ne l’aime pas. Si je l’aimais, j’aurais dit : « Je t’aime ! » et je l’aurais dit sans y penser, sans le savoir. »

— Rose, je vous aime !

Elle ferma les yeux, posa sa tête sur le bras du fauteuil, car elle était assise sur une chaise basse.

C’est l’oreille qui se présentait. M. Hervart baisa l’oreille, lentement, à petits coups, comme un gourmand qui savoure un coquillage délicat.

« Elle se laisse faire. C’est amusant. »

Il fit le tour de l’oreille, s’arrêta à l’œil, qui était clos.

« Que c’est doux, la paupière ! »