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UN CŒUR VIRGINAL

cette caresse, ayant pour la main un culte particulier. Il exprima tout haut sa pensée secrète, disant :

— Comment n’ai-je pas déjà baisé vos mains ?

Contente, mais non émue, Rose se borna à sourire. Puis, soudain, à une idée qui lui traversa la tête, le sourire se mua en un rire excessif, mais qui semblait quand même nuancé de confusion. Calmée un peu, elle demanda.

— Je voudrais savoir… savoir… eh bien, oui, votre nom, là ?

M. Hervart, interloqué, ne comprenait pas.

— Mon nom ?… Mais… Ah ! celui qui… l’autre ?…

Il hésitait. Ce nom, qu’il n’avait presque pas entendu prononcer depuis la mort de sa mère, lui était si peu familier qu’il ressentait une gêne à en proférer les syllabes. Il signait Hervart, tout court. Tous ses amis l’appelaient ainsi, aucun ne l’ayant connu dans l’intimité de la famille, et ses maîtresses, elles-mêmes, n’en avaient jamais murmuré d’autre, les femmes d’ailleurs se servant plus volontiers d’appellations qui con-