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UN CŒUR VIRGINAL

— Voyez-vous, la petite orgueilleuse !

— N’êtes-vous pas de mon avis ? dit Rose, en s’adressant à M. Hervart avec un rire, qui palliait sa hardiesse.

— Pour vous, oui.

— Oh ! moi, on ne peut plus rien. Le mal est fait ; je suis une sauvage. Mais c’est pourquoi me plaît, et me convient, la sauvagerie de Robinvast.

— Pourtant, dit M. Hervart, dont les mains étaient couvertes d’égratignures, il y a beaucoup de ronces, dans le bois. Jamais je n’en vis de si belles, des jets comme des lianes, comme des serpents…

— Jamais je ne m’égratigne, dit Rose.

Mais elle ne regardait pas sans plaisir les mains de M. Hervart, qui s’étaient balafrées pour lui cueillir des mûres. Elle lui dit tout bas :

— Je suis méchante comme les ronces !

— Défendez-vous comme elles ! répliqua M. Hervart.

Ce n’était qu’un mot. Sans doute, M. des Boys songeait à marier sa fille, mais le projet,