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UN CŒUR VIRGINAL

nier. Cela le mit de mauvaise humeur, l’espace d’un instant. Comme Rose, cependant, entrait dans une mercerie, il se décida ; la porte était à côté.

— J’aurais voulu votre avis, dit Rose ; c’est pour réassortir des laines.

Mais il n’était plus là. Alors, elle attendit, patiente.

Les châteaux, enfin, tombèrent dans la boîte. Ils reprirent leur itinéraire. La promenade aboutit chez le pâtissier.

C’était un des plaisirs de M. Hervart de manger des gâteaux dans une pâtisserie, et ce plaisir était complet quand une femme l’accompagnait. On le connaissait bien, à celle de la rue du Louvre, au coin de la place ; il y venait tous les jours, et pas toujours seul.

En entrant avec Rose, il se crut à Paris, et en bonne fortune. Cela l’amusa. Rose n’était pas moins contente. Souriante et sérieuse, elle eut aussitôt l’air d’accomplir un rite familier.

« Elle serait très vite Parisienne », songeait M. Hervart, qui la contemplait.