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UN CŒUR VIRGINAL

Vers les dernières marches, comme pour le remercier de son aide, elle lui tendit la joue. Le baiser se posa au coin des lèvres. Cette fois, Rose recula, avertie du danger par une sensation trop vive, trop intime. Mais, en s’éloignant, elle faillit tomber. Ses mains se crispèrent sur la main qui la retenait, et elle se trouva ramenée vers M. Hervart. Ils se regardèrent une seconde. Elle ferma les yeux, attendant la nouvelle brûlure.

— Vous ne vous êtes pas fait de mal ?

Elle éclata de rire.

« Voilà, se disait M. Hervart, ce qui s’appelle être maître de soi. Aussi elle se moque. Tel est le résultat de la vertu. »

Ils entrèrent dans presque tous les magasins de la rue Fontaine, qui est le centre de ce grand village biscornu. M. Hervart acheta des cartes postales. Les châteaux de la Hague sont presque aussi beaux et aussi pittoresques que ceux des bords de la Loire. Il aurait voulu en envoyer l’image à Gratienne, mais il se sentait prison-