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UN CŒUR VIRGINAL

bleus entendent ce compliment pour la centième fois, et cela leur fait croire que tous les hommes sont pareils et qu’ils sont bêtes… Ce sont les hommes qui mettent tant de fadeur dans l’amour… Ils sont jolis, les yeux de Rose, mais je n’aurais pas dû le dire… Suis-je le premier ?… »

M. Hervart ressentait à son tour les piqûres, assez vagues encore, de la jalousie :

« Ces petites recherches, ces petites complaisances sensuelles, qui les lui a enseignées, puisqu’elle n’a pas d’amies, sinon quelque cousin, entreprenant et gauche ?… Que je suis sot, et méchant pour moi-même ! Rose a eu des amies, à Valognes, au couvent ; elle en a toujours et leur écrit… Et puis, que m’importe ? Je ne suis pas amoureux, il me semble, et tout cela ne saurait être pour moi qu’une suite de sensations légères, qu’un prétexte à d’amusantes observations… »

L’après-midi s’écoulait. Il fallut penser aux emplettes réclamées par Mme des Boys.

Ils redescendirent.

— Comme l’escalier est noir. Donnez-moi la main, dit Rose.