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UN CŒUR VIRGINAL

avant les dernières retouches. Il souhaita la voir bientôt en son vrai cadre, à côté des autres, en l’église de Robinvast.

— Il y en aura douze, déclara M. des Boys.

— On viendra les admirer, dit M. Hervart, comme la Vie de saint Bruno, aux Chartreux et maintenant au Louvre.

— Je l’espère.

— Mais on y viendra moins.

— Oui, Robinvast est un peu loin. Mais qui va au Louvre ? Quelques artistes, les badauds en voyage. Personne en France ne s’intéresse à l’art.

— Personne au monde, dit M. Hervart, excepté ceux qui en vivent.

— Et ceux qui en meurent ? demanda Rose.

Mme des Boys regarda sa fille avec surprise.

— Je n’ai jamais entendu dire que la peinture fût une industrie dangereuse.

— Quand on y croit, dit M. Hervart.

— Comment, pas dangereuse, dit M. des Boys, et le blanc de céruse ?

— Il faut croire, dit Rose, en regardant M. Hervart.