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UN CŒUR VIRGINAL

der. Ayant été vue, elle eut un sourire très doux, nuancé d’un peu de confusion. Par contraste, elle éclata de rire, soudain et, les mains retenues aux nœuds de l’arbre, se pencha en arrière. Son chapeau tomba, ses cheveux se dénouèrent. Elle se dressa, paraissant plus sauvage encore. M. Hervart crut qu’elle allait fuir, comme Galatée ; mais il n’y avait pas de saule.

— Tant pis, dit-elle pendant que M. Hervart lui présentait son chapeau, mes cheveux vont rester sur mes épaules. Ils sont bien là. Les épingles ne tiennent pas sur ma tête.

— Les épingles, dit M. Hervart, tiennent rarement sur la tête des femmes.

Elle sourit sans répondre et certainement sans comprendre.

M. Hervart trouva qu’elle souriait beaucoup, depuis ce matin.

« Mais son sourire est si doux que je ne m’en fatiguerais jamais. Tiens, je vais lui dire cela… »

— Que j’aime votre sourire ! Il est si doux que je ne m’en fatiguerais jamais.

— Si doux que cela ? C’est parce qu’il est tout