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UN CŒUR VIRGINAL

serait Mme Suif, se permit-elle un honnête sourire de commisération.

Cela arriva la troisième année de son mariage ; ils passaient la saison à Grandcamp, où elle coudoyait souvent, sans la connaître, une jeune femme qui avait joué un rôle décisif dans sa destinée.

Léonor errait un matin sur cette même plage, où la vision de Gratienne l’avait sollicité, et il ne pensait pas à Gratienne, qui pourtant le considérait, de loin, avec intérêt. Il pensait à Hortense, dont un journal du pays annonçait la mort ; à Hortense, qui lui avait écrit, la veille de son mariage, une lettre si émouvante, dans sa fière résignation, qu’il avait failli en pleurer ; à Hortense qui l’avait aimé et qui mourait peut-être de son bonheur.

Quand il rentra, Rose l’accueillit comme on accueille un amant. Elle avait trouvé dans le mariage les soins que comportait son état. Elle était heureuse.

FIN