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UN CŒUR VIRGINAL

temps presque provocatrice. Elle laissait son regard se poser plus souvent et plus longuement sur le visage du jeune homme. Elle en arriva à le contempler, quand il ne la voyait pas, et, quoiqu’elle baissât vivement les yeux à la moindre alerte, Léonor s’en aperçut.

« Elle m’aime, elle m’aime ! Ah ! cette fois, elle m’écoutera, et elle parlera peut-être. »

Mais, en aimant avec naïveté, Léonor était devenu timide, et plusieurs jours se passèrent à ces mouvements des yeux et du cœur. Rose y puisait un grand réconfort. Un soir que l’obsession l’avait presque laissée en paix et qu’elle allait s’endormir victorieuse, elle se revit tout à coup dans le salon qu’ils venaient de quitter. Léonor lui offrait une fleur merveilleuse et qu’elle ne reconnut pas. Elle la prenait et sentait en la respirant une douceur inexprimable envahir lentement tout son être : elle dormait.

Elle s’éveilla joyeuse, ce qui ne lui était pas arrivé depuis le jour de sa grande douleur. Elle souriait déjà à Léonor avant de l’avoir vu. Ils se rencontrèrent dans l’escalier. Léonor entendit