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UN CŒUR VIRGINAL

sortait et, après déjeuner, c’était un enfant qui souriait à l’amour.

Les crises, certains soirs, étaient très vives. À peine était-elle entrée dans sa chambre qu’il lui semblait recevoir comme une injonction impérieuse de se mettre nue et d’aller se regarder dans la glace. Là, elle écrasait sous ses fébriles mains ses seins et ses hanches, elle flattait de hâtives caresses son ventre, ses membres, ses épaules. Puis, elle se sentait soulevée et portée dans son lit, à la merci du démon luxurieux.

D’autres fois, l’obsession était plus bénigne, et elle pouvait essayer quelque résistance. La chute était lente, graduelle et quelquefois incomplète. Elle s’aperçut qu’elle avait plus de paix et plus de force les soirs où, par ses regards ou son attitude, elle avait encouragé Léonor à quelque discours plus doux, et cela lui causa une grande joie. Elle aima son exorciste ; comme une malade pleine de confiance, elle aima son médecin.

Alors, elle parut plus humble et en même