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UN CŒUR VIRGINAL

coucher. À mesure que ses membres nus apparaissaient, elle se remémorait les privautés qu’elle avait permises. Aucun détail ne lui était épargné et son corps avait beau se révolter, elle sentait monter le long de ses nerfs vaincus le frisson, maintenant honteux, de ses anciennes voluptés.

Elle se jetait dans son lit, et bientôt, parmi la chaleur, les contacts imaginaires se multipliaient et se précisaient. Alors, la tête perdue, elle cédait et s’endormait dans une volupté maudite.

Aussi, le matin, était-elle un peu revêche. Léonor semblait perdre, à ce moment-là, ce qu’il gagnait l’après-midi. Il ne s’en troublait pas. Il savait que les caractères changent selon les heures de la journée, comme selon les saisons. Heureux de pouvoir tout espérer, il attendait sans impatience.

Il fallait la présence de Léonor durant toute une matinée pour exorciser Rose. Le son de sa voix, plus que ses paroles, calmait la possédée. Elle finissait par douter de la hantise dont elle