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UN CŒUR VIRGINAL

— Et moi aussi, je le croyais. Hélas ! il le faisait déjà !

— Oh ! il n’avait pas de mauvaises intentions. M. Hervart n’est pas méchant. Il est léger, inconstant et irrésolu.

— Je ne m’en aperçois que trop.

— Il est égoïste. Tous les hommes sont égoïstes, d’ailleurs, mais il y a des degrés. Est-il capable d’aimer une femme uniquement, de consacrer sa vie à lui tisser de quotidiennes joies ? Quel plus beau rêve, cependant, quand on rencontre sur son chemin une créature qui en est digne et qui appelle à soi non seulement l’amour, mais l’adoration !

— De telles femmes sont rares aussi, sans doute ?

— Ceux qui en ont connu une et qui la délaissent sont bien coupables.

— Dites plutôt qu’ils sont bien à plaindre. Mais je ne suis pas de celles-là, et je n’en demandais pas tant.

— Vous ne vous connaissez pas, Mademoiselle. Oh ! si je m’étais trouvé, moi, à la place de M. Hervart !