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UN CŒUR VIRGINAL

— Je l’avoue. Et si le moyen avait échoué, j’en aurais cherché un autre.

— Vous m’avez fait beaucoup de mal. Pourtant je vous remercie.

Elle lui tendit la main, que Léonor serra avec respect.

— Je vous ai fait moins de mal, en ce moment, que vous n’en auriez éprouvé plus tard. Alors, cela eût été irrémédiable.

— Qui sait ? J’aurais peut-être pardonné après. Je ne pardonnerai pas avant.

— Je connais assez peu M. Hervart, dit Léonor, sur un ton légèrement hypocrite, mais je sais que, malgré son âge, il est capricieux. M. Lanfranc est mauvaise langue et je ne répéterai pas tout ce qu’il m’a dit. J’en ai assez, et de source sûre, pour me féliciter d’une intervention peut-être audacieuse.

— Et mon père qui a agréé notre mariage !

— Votre père vit loin de Paris. Il est bon et confiant. Son ami lui a juré sans doute qu’il ferait votre bonheur, et il l’a cru.