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UN CŒUR VIRGINAL

deux jeunes gens, une conversation qui prit le ton des confidences amicales.

Après bien des hésitations, elle posa la question que Léonor attendait avec une certaine inquiétude. Il avait forgé plusieurs anecdotes dont Rose, sans doute, se serait contentée ; mais au moment même, plutôt que d’hésiter et de risquer d’inévitables contradictions, il se décida brusquement pour une certaine franchise.

Il dit :

— L’image m’est tombée entre les mains parce que, moi aussi, j’ai été reçu chez cette personne. M. Hervart, je dois vous le dire, n’y était pas ; il l’ignorait, et certainement il l’ignorera toujours. Je ne savais pas moi-même qu’il fût l’ami intime de la maison. C’est pourquoi son nom me frappa, souscrit comme il était à de tendres compliments.

— De « tendres baisers ».

— En effet, je crois me souvenir.

Et il répéta, avec une intonation qui les aggravait, qui les appuyait sur le cœur meurtri de la jeune fille :