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UN CŒUR VIRGINAL

rencontre, avait éveillé en lui quelque chose comme l’amour de l’amour. Il avait d’abord été ému par la générosité de ce cœur innocent qui se donnait avec une violence si noble. Ensuite, il avait éprouvé cette jalousie vague que tous les hommes éprouvent l’un pour l’autre, et il avait détesté M. Hervart, sans pouvoir s’empêcher d’admirer le beau spectacle de son bonheur. Le désir de prendre sa place l’avait naturellement tourmenté, mais c’était un de ces désirs dont on se dit qu’ils ne se réaliseront jamais et devant lesquels, aux heures lucides, on hausse les épaules. Depuis que le hasard et son adresse avaient si bien modifié à son profit la marche logique des choses, Léonor se disait qu’il ne faut jamais douter de rien, que tout arrive, et que l’impossible est peut-être ce qu’il y a de plus raisonnable au monde.

Il était devenu en quelques semaines plus sérieux encore, et surtout plus calme. Son égoïsme commençait à être capable des longs détours. Il savait fort bien que Rose, s’il osait quelque aveu, lui répondrait avec indifférence, peut-être avec