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UN CŒUR VIRGINAL

donc qu’il la connaisse aussi ? Elle la lui aura donnée à cause de la vue du château de Martinvast, sans doute ?… »

Elle n’arrivait pas à reconstruire l’aventure de cette carte postale. Il y avait là un mystère qu’elle renonça bientôt à pénétrer.

« Mais je n’ai qu’à interroger M. Léonor. Comme c’est simple ! Oui, mais il faudra lui dire que j’ai volé cette image, car je l’ai volée ! Ce n’est pas très grave, peut-être, mais comment oser lui en parler, comment avouer, d’abord, que j’ai eu l’indélicatesse de regarder sa correspondance ? Oh ! une carte postale, une image ! Et puis, je dirai la vérité, c’est par hasard que cela m’est tombé sous les yeux, et si la carte avait été tournée du côté de l’adresse, certes je ne l’aurais pas retournée… »

Ce qui lui répugnait surtout, c’était la nécessité de parler de Gratienne, car Léonor n’ignorait pas son projet de mariage avec M. Hervart. Elle demeura indécise, et aussitôt recommença à souffrir, car le chagrin, cependant qu’elle délibérait, l’avait un peu épargnée.