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UN CŒUR VIRGINAL

pencha à la fenêtre et vit des hommes qui brisaient en deux une barre de granit, et un instant elle se demanda pourquoi.

« Ah ! oui, ces réparations… Que m’importe ! Ah ! où sont mes belles heures solitaires dans la vieille maison prisonnière de ses lierres et de ses rosiers ! Et ce Léonor ! Ah ! qu’il s’en aille ! C’est lui la cause, c’est lui. Sans sa maladresse, je n’aurais point su l’existence de cette femme… Mais comment avait-il cela dans sa poche ? »

L’idée d’une indiscrétion volontaire ne lui vint pas. Elle n’avait jamais songé que Léonor pût éprouver pour elle un sentiment tendre. D’ailleurs, aucun homme que Xavier n’avait encore existé dans son imagination. Il y avait Xavier d’une part ; et, de l’autre, il y avait les autres.

Cependant, elle continua de réfléchir. L’amour, la jalousie, le chagrin aiguisaient son intelligence naturelle.

« Il y avait dans le carnet plusieurs lettres adressées à M. Varin. C’est tout naturel. Mais pourquoi celle-ci adressée à cette femme ? Il faut