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UN CŒUR VIRGINAL

propos ! Le grand chapeau disparut soudain, lancé comme avec dépit, et au même moment une tête blonde, ébouriffée, pâle et charmante, tomba sur l’épaule de M. Hervart.

Ce fut une minute émouvante. L’homme, troublé, passa son bras autour de la taille de la jeune fille. Sa main saisit une petite main qui s’abandonna. Il n’eut qu’à tourner et à pencher un peu la tête pour baiser, tout près des cheveux, un front blanc, moite de fièvre. Il sentit alors un abandon plus volontaire ; la main qu’il tenait serra la sienne.

Un mouvement brusque de Rose les sépara. Elle regardait franchement M. Hervart, disant, la figure tendrement épanouie :

— Je n’ai plus de chagrin.

Elle se leva. Ils s’en allèrent à travers le bois, échangeant d’une voix douce d’insignifiantes paroles. Chaque fois que leurs regards se rencontraient, c’était dans un sourire. Ils touchaient des fleurs, des feuilles, de simples morceaux de bois mort, pour avoir l’occasion de se frôler les doigts. Arrivés à une clairière, ils laissèrent,