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UN CŒUR VIRGINAL

Elle avait l’air de les retrouver, d’en reprendre possession.

À la fin, elle se leva et frappa du pied.

« Eh bien, je ne l’aime plus, voilà ! Adieu, monsieur Hervart. Vous m’avez trompée, je ne vous le pardonnerai jamais. Moi qui avais tant de confiance en lui, moi qui me laissais aller sur son cœur si doucement ! »

Elle pleura encore.

« Maintenant, j’ai honte… »

Et elle tâtait son corps, des pieds à la tête, comme pour le reprendre aussi. Elle aurait voulu le presser, le tordre pour en faire couler toutes les caresses, tous les baisers qui s’étaient insinués dans sa peau, qui avaient pénétré dans ses veines, qui avaient sensibilisé ses nerfs.

Dans son innocence déjà pervertie, elle se représentait les caresses de Xavier et de cette Gratienne. Elle suivait d’un œil jaloux leurs jeux fervents ; elle voyait leurs bouches collées, leurs mains jointes, leurs genoux et leurs pieds rapprochés. Elle se représentait la nudité de cette femme et la comparait à la sienne. Était-elle plus