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UN CŒUR VIRGINAL

cependant que Rose s’éloignait. Quand elle eut disparu, il constata avec joie qu’elle avait volé le château de Martinvast, puis, sifflant, remonta vers ses maçons.

Arrivée dans sa chambre, Rose s’assit en tremblant.

« Je me suis trompée, se disait-elle. Ce n’est pas possible. Et comment cela serait-il entre les mains de Léonor ? »

Elle tira l’image de sa cachette, la déplia vite et la regarda en tremblant.

« C’est bien son écriture. »

Elle doutait encore.

« Voyons la date. »

Elle la déchiffra avec certitude : « Cherbourg, 31 juillet 1903. »

« C’est le jour même que nous sommes allés au jardin Liais, que nous sommes montés à cette tour où j’ai défailli d’amour… J’étais si heureuse ! »

Elle pleura longtemps. À travers ses larmes, elle regardait ses mains, les faisant tourner, considérant chacun de ses doigts l’un après l’autre.