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UN CŒUR VIRGINAL

fice de cette éloquence amoureuse. Pas un mot, certes, ne venait du cœur. M. Hervart, qui n’était pas méchant, avait posé tout d’abord le principe de sa maladie, et il comptait en tirer, en graduant les déceptions, toutes les conséquences logiques. Au besoin, s’était-il dit, Bouret m’aidera. M. Hervart, homme du dernier moment et de la sensation présente, ne pensait plus à Rose que comme on pense à un ami malade, dont on souhaite la guérison, certes, mais sans angoisse. Pourtant, la fatuité nécessaire aux mâles lui affirmait qu’il n’était pas oublié ; il se flattait d’avoir laissé au cœur de la jeune fille une blessure qui ne guérirait jamais tout à fait, et il éprouvait presque du remords. Il eût consenti à un sacrifice pour jouir de la paix complète des égoïstes, il eût permis à Rose, non pas l’oubli, mais la résignation mélancolique.

« Pauvre enfant !… Mais cela devait arriver. Enfin, j’espère qu’elle ne sera pas trop malheureuse ! »

La lecture de la lettre de M. Hervart laissa Rose triste et charmée :