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UN CŒUR VIRGINAL

curiosité sensuelle qui nous pousse à vouloir connaître sous toutes ses faces et selon tous ses mystères le corps que nous désirons ? Pourquoi pas ? C’est même sans doute le plus bel amour. Mordre, manger, dévorer ! Ah ! qu’ils ont bien compris cela, ceux qui réduisent l’objet de leur amour à un petit morceau de pain qu’ils avalent. La communion, quel acte d’amour ! C’est merveilleux. Bouret trouverait cela fou, peut-être, mais Bouret, qui a raison d’être matérialiste, a tort de ne pas comprendre le mysticisme matérialiste. Peut-on être plus matérialiste à la fois et plus mystique que les chrétiens, ceux qui croient à la présence réelle ? La chair et le sang c’est cela aussi que voudraient les amants, et eux aussi doivent se contenter d’un simulacre. »

« … de folie. Cela m’a révélé un monde nouveau. Je ne mourrai pas, comme Josué, sans avoir vu le paradis terrestre. »

Cette phrase, malgré sa banalité, agréa à Léonor, qui revenait à plus d’indulgence pour sa maîtresse.

« C’est un grand effort pour elle qu’une si