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UN CŒUR VIRGINAL

ble, elle a du goût, et voilà ce qu’elle écrit ! Dieu, quelle tristesse ! »

« … mais les giroflées ont leur charme, comme elles ont leur saison, et je les retrouve avec bonheur, puisque leur saison est revenue. »

« Cela, pensa Léonor, c’est mieux ; c’est presque bien… Hervart est-il encore à Robinvast ? J’espère que non. Son congé n’était pas indéfini, je suppose. Si j’écrivais à Gratienne ? »

« … Ô fleurs que mon Bien-Aimé a fait éclore dans mon cœur, vous embaumez mon âme et vous faites délirer mes sens… »

« … Délirer mes sens… Est-il bien utile que je me rappelle au souvenir de Gratienne ? J’aimerais autant me renseigner d’un autre côté. »

« … délirer mes sens ! Mon corps frémit au souvenir de la nuit de Compiègne dont chaque minute est une étoile qui brille dans mes rêves. Je ne savais pas ce que c’était que l’amour… »

« Qui sait ce que c’est que l’amour ?… Je ne suis pas forcé de répondre aujourd’hui. Mais, j’y pense, je ne sais pas où est Gratienne. Elle