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UN CŒUR VIRGINAL

qui l’avaient inquiété à la campagne avaient disparu depuis son retour. Il trouvait en Gratienne l’accueil favorable à la réalisation de ses désirs. Elle connaissait ses goûts, ses manies et les partageait. Bref, il se promettait, après cette familière promenade, des heures émouvantes. Une surprise, fort désagréable cependant, l’attendait. Après des préludes passionnés, alors que tout son être tendait à la réalisation de l’acte, M. Hervart eut une faiblesse. Sans doute, la tendresse habile de Gratienne en avait triomphé. L’amour-propre, des deux parts, avait été sauf, mais il n’en restait pas moins que, pour la première fois de sa vie, M. Hervart avait manqué de présence d’esprit.

Le matin, il songea à Stendhal, emporta le volume à son bureau, et lut avec une grande attention le chapitre LX de l’Amour, Il n’y trouva aucun éclaircissement. Gratienne, certes, ne lui en imposait point et, d’ailleurs, nulle femme ne lui avait jamais inspiré cette sorte de passion mal équilibrée où le corps recule, effrayé de son audace.