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UN CŒUR VIRGINAL

Mais la main de la jeune fille recula. Rose, en étouffant un cri, se leva et dit :

— Rentrons.

Elle ajouta, l’instant d’après :

— C’est mal, Xavier, c’est mal. Respectez-moi.

« Quelle logique ! se disait M. Hervart. « Respectez-moi ! » Mais en effet, j’ai eu tort. C’est avec les jeunes filles surtout qu’il faut commencer par la fin. »

Le lendemain, ils se rencontrèrent de très bonne heure, et Rose, ne voulant rien entendre, ni même accorder un baiser amical, prononça l’arrêt qu’elle avait médité :

— Je suis fâchée. Si vous voulez que je vous pardonne, partez immédiatement et écrivez-moi d’ici huit jours que tout est prêt pour notre mariage. Je vous aime. Vous vous en apercevrez quand je serai votre femme, mais pas avant. J’ai bien voulu jouer avec vous, vous avez tenté d’en abuser. C’est mal. Allez. »

Il fallut partir, elle fut inflexible.