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UN CŒUR VIRGINAL

son, à quoi bon me marier ? En ce cas Gratienne me suffit. Le mariage est délicieux quand on sort du collège. Où trouvera-t-on de plus heureux ménages que parmi les étudiants ? On vit l’un sur l’autre, l’un dans l’autre. La promiscuité paraît un enchantement. On fait connaissance avec le sexe adverse ; on se complète. Plus tard, tant d’intimité n’est déjà plus possible ; et plus tard encore, on se contente fort bien de visitations amoureuses, en attendant le moment où la solitude nous apporte les seules minutes de bonheur appréciable. »

M. Hervart ne donna pas de conclusion à sa méditation, et la matinée se passa ainsi, Rose choisissant dans l’idéal des papiers de tenture et Xavier philosophant en secret sur les ennuis du mariage.

Après déjeuner, une idée diabolique lui vint : Pourquoi ne prendrait-il pas une avance décisive sur ses droits conjugaux ? Le sang lui monta à la tête. Il haletait un peu en serrant Rose contre lui. Quand ils furent assis, ce fut d’abord, après des rebuffades, l’habituelle cérémonie.