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UN CŒUR VIRGINAL

quelques cartes postales. Cela lui semblait suspect et la rendait triste. La dernière fois, il était à Cherbourg, mais n’avait pas donné son adresse.

— Il a l’air d’un homme qui va se marier. Lui, il n’est pas seulement capable de contenter une femme ! Pourtant, je l’aime. Et puis, il me manquerait beaucoup, pour d’autres motifs.

Cette femme à la vie si banale, au cerveau si banal, avait un agréable son de voix, la figure fine, de l’esprit dans les yeux, une sorte d’élégance naturelle. Léonor la désira vivement.

— Je passe quelques jours ici, dit-il.

— Et moi aussi.

— Voulez-vous que nous les passions ensemble ?

Elle rit d’un joli rire, se fit prier, puis accepta, après avoir encore une fois examiné Léonor d’un œil sagace. La proposition acceptée, elle tendit ses lèvres, regarda l’heure à une montre minuscule et se leva, en disant :

— Eh bien, allons dîner. Dépêchons-nous pour avoir une petite table.