Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
176
UN CŒUR VIRGINAL

Elle demeurait à Paris et ne se livrait qu’à un petit nombre d’amis, toujours les mêmes. L’honnêteté de sa vie était donc hors de doute. Ses parents, d’ailleurs, n’avaient pas à se plaindre d’avoir une fille comme elle. Ils demeuraient dans le nord, près de Boulogne ; aussi, pour ne pas les rencontrer, ni des gens de son pays, elle bornait ses pérégrinations aux plages normandes. Parmi ses amis, deux lui étaient chers. L’un, qui était un jeune étranger, ne passait que six mois par an à Paris, mais il continuait de lui donner des sommes, durant l’été. L’autre, quoique plus âgé, donnait moins ; elle l’aimait davantage, il avait de l’esprit, étant Parisien. C’était un fonctionnaire. Elle ne voulut pas dire au juste dans quelle partie, mais cela semblait les Beaux-Arts. Le premier de ces amis la croyait à Grandcamp, où elle venait d’arriver ; pour le fonctionnaire, elle était à Honfleur. Cela compliquait un peu sa correspondance, mais c’était mieux. D’ailleurs, elle n’avait pas eu l’occasion depuis longtemps d’écrire au fonctionnaire, qui donnait à peine signe de vie par