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UN CŒUR VIRGINAL

vent au Jardin des Plantes ou, plus souvent qu’à son bureau, sur le quai voisin, chez les marchands de bestioles. Le soir il courait le monde, à travers tous les mondes. Quand le milieu était favorable, il se donnait volontiers pour ancêtre M. d’Hervart, dont la femme aima La Fontaine. Ailleurs il disait que ses fonctions seules l’avaient empêché de se faire un nom comme naturaliste. Mais, selon l’opinion commune, M. Hervart n’était, en toutes choses, qu’un amateur très intelligent, gâté par beaucoup d’indolence.

Il venait tous les deux ou trois ans passer quelques semaines chez M. Desbois, son ami, ancien sculpteur industriel, au manoir de Robinvast, près de Cherbourg. M. Desbois s’était récemment anobli au moyen d’un y et de quelques autres menus changements. Quand M. des Boys parut au monde, Hervart n’eut pas l’air de s’apercevoir de la métamorphose. On l’aima davantage. Très occupée de cuisine et de pâtisserie, Mme des Boys s’empressait jusqu’à l’excès, quand M. Hervart était là.