Page:Gourmont - Un cœur virginal, 1907.djvu/167

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
UN CŒUR VIRGINAL

vidence. » Il semblait d’ailleurs regretter l’obligation d’en arriver là et soit bêtise naturelle ou acquise, soit hypocrisie, il entretenait sa femme dans le mépris des plaisirs charnels. « Ils sont, disait-il encore, un moyen et non un but. » Selon ces principes, il l’avait sevrée dès que sa première grossesse fut probable. M. de la Mésangerie était très pieux et se vantait d’une religion très éclairée et très méthodique.

« Voilà donc, se disait-elle, en tordant ses cheveux, comment on dresse une femme pour l’adultère. »

Elle s’admira devant la glace, sous prétexte de planter une épingle dans son chignon, et elle disait en même temps, au risque de froisser son amant, qui n’en devait pas douter :

— Toi seul m’auras vue ainsi, toi et moi.

Commencée de si bonne heure, la nuit leur permit d’épuiser presque tous leurs désirs. Les imaginations d’Hortense furent satisfaites. Elle accueillit tous les caprices de son compagnon de jeu et se laissa instruire avec délices dans tous les mystères. Quand Léonor, vaincu par tant de