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UN CŒUR VIRGINAL

l’avait souvent vue embrasser ainsi son petit garçon ou son petit chien.

Hortense avait trente ans. Elle devait son nom à des sentiments bonapartistes qui avaient survécu quelques années, dans sa famille, aux événements de 1870. On y avait également conservé, jusque vers 1895, des habitudes élégantes d’esprit et de mœurs. Son père, M. d’Urville, avait été l’un des acteurs des comédies d’Octave Feuillet, en ce même Compiègne où ils arrivaient. Elle avait lu, à l’âge où les jeunes filles oublient qu’il y a des poupées, les œuvres complètes de cet homme timide et passionné ; sa mère ne lui défendait pas de feuilleter la Vie Parisienne, où son heureuse frivolité n’avait jamais rien vu de dangereux pour une jeune fille bien élevée. Aussi, quand elle se maria, Hortense savait que si le mariage est un jardin entouré d’un mur, il y a des échelles pour passer par-dessus ce mur et elle ne considéra dans son mari que le rang, la fortune, les convenances. Son premier amant avait été un jeune officier, avec qui, comme avec Léonor, elle s’égara à la chasse ;