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UN CŒUR VIRGINAL

Comme elle avait également, quoique avec moins de certitude, évalué la fortune de M. Hervart et ses émoluments, elle conclut, avec fermeté :

— Nous aurons de trente à quarante mille francs de rente.

M. Hervart refit l’évaluation avec les données qui lui étaient personnellement connues, et la trouva juste. Son admiration pour Rose s’en accrut.

« Elle a toutes les vertus : l’aptitude à l’amour et le sens domestique ; de l’intelligence et pas d’instruction ; de la santé et pas une beauté éclatante. Enfin elle m’adore et je l’aime. »

Dès les premières insinuations de son ami, M. des Boys sourit et dit :

— Je m’en doutais. Ma fille n’a reçu qu’une éducation vague. Sa mère est incapable. Moi, je n’aime que l’art. Elle a besoin d’un mari sérieux, c’est-à-dire pas de la première jeunesse. Si elle veut de toi, prends-la. Je vais l’interroger.

M. Hervart fut sur le point de dire : c’est inutile. Mais il eut le bonheur de se retenir et M. des Boys interrogea sa fille.