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UN CŒUR VIRGINAL

toujours dans le bois, à cause de la rosée, restant aux alentours de la maison. C’était l’heure où M. Hervart se trouvait particulièrement lucide. Alors il discourait sur mille choses et Rose l’écoutait sans oser l’interrompre, même quand elle ne comprenait pas. Elle jouissait du son de sa voix bien plus que du sens de ses paroles.

Rose apprit sans étonnement les projets de sa mère. Elle avoua du reste qu’elle avait cru découvrir dans l’attitude de M. Varin des intentions assez précises. Il fut donc convenu que le jour même, pour prévenir les événements, M. Hervart ferait sa demande. Rose parlait sur un ton si résolu et son discours était si lyrique que M. des Boys sentait se fondre toutes ses absurdes hésitations. Elle connaissait la fortune de ses parents, et elle en dit le chiffre, très simplement, en personne pratique. M. des Boys détenait soixante mille livres de rente et n’en dépensait guère que la moitié, pensait-elle. L’autre moitié, il en donnerait volontiers sans doute la plus grande part à sa fille unique.