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UN CŒUR VIRGINAL

M. Hervart n’avait plus aucune indécision. Il commença presque aussitôt d’ailleurs à donner à ses pensées un autre cours. Il désira manger et Rose acquiesça. Comme elle tardait à se lever, il voulut la prendre dans ses bras, mais ses bras, amollis, furent inégaux au léger fardeau. M. Hervart sentit, de plus, que ses jambes n’avaient, pas une très grande solidité. Il aurait voulu à la fois manger et se coucher dans l’herbe. Il se laissa retomber sur le banc.

— Vous avez l’air fatigué, dit Rose, qui inventait toutes les tendresses. Restez, je vais apporter du vin et des gâteaux.

Mais il refusa, et ils rentrèrent tous les deux.

Quand il fut regaillardi par quelque xérès et quelques brioches, M. Hervart souhaita de la musique. Rose, quoique inexperte, berça son ami d’autant de mélodies qu’il le désira. Elle se prit même à chanter. C’étaient des romances.

« Les joies d’un jeune ménage, se disait-il, en somnolant un peu. Un tableau de Greuze. Il y manque un petit chien griffon et quelque paterne vieillard qui, par la fenêtre, à ce spectacle ravis-