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UN CŒUR VIRGINAL

« Que sont venus faire ces architectes ? se demandait-il. Tout cela semble arrangé par les des Boys en vue de caser leur fille. Reviendront-ils ? Léonor reviendra. Et moi ? Vais-je pouvoir rester ? »

Ses perplexités recommençaient. Quand la main de Rose touchait la sienne, il se sentait son prisonnier, son esclave heureux. Dès que le contact s’éloignait, des idées le prenaient, de fuite, de liberté. Il avait envie d’appeler Léonor, de jeter Rose dans ses bras et de s’encourir à travers champs.

« Jamais aucun amour ne m’a troublé ainsi. Ah ! c’est le mariage ! Quelles complications ! Ce Léonor, je le hais. Sans lui… Sans lui ? Est-il seul au monde ? Si ce n’est pas moi qui la prends, ce sera un autre… »

Il se rapprocha brusquement de Rose et, d’un ton fou, il lui jeta dans l’oreille des mots rapides, tendres et violents :

— Rose, je vous aime, je vous désire de tout mon cœur, je vous veux !

Rose tressaillit, mais ces paroles répondaient