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UN CŒUR VIRGINAL

« Mais c’est qu’avec cela elle est très jolie. Et quelle grâce sous cet air un peu sauvage ! Quelle souplesse de formes ! Il n’est point jusqu’à ce teint doré et piqué par le soleil, comme une pomme, qui ne plaise, en ce milieu campagnard. Ah ! qu’une femme comme cela me conviendrait, à moi homme de ce pays et destiné à y vivre. Qu’Hervart n’est-il resté parmi ses Parisiennes ! »

— Il doit vous aimer beaucoup, reprit-il, et j’envie son bonheur que cela lui soit permis. Je reviendrai, puisque vous le désirez, mais je préférerais ne pas revenir.

— Et pourquoi donc ?

— Parce que je ne voudrais pas vous déplaire.

— Mais cela ne me déplaira pas, au contraire. Expliquez-vous.

— Si je reviens, peut-être n’aurai-je pas la force de ne pas vous aimer, et cela vous fâchera.

— Pourquoi donc ? Que vous êtes singulier ! Mais devenez un ami de la maison, j’en serai contente.